promouvoir l'écriture francophone contemporaine


Le Théâtre Le Guignol de Lyon et l'association camerounaise Le Jeune Auteur développent ensemble des projets réunissant auteurs africains et français


Écrire pour la marionnette

Kribi, 2 juillet - 4 août 2010

mardi 19 octobre 2010

COUCOU DE YAOUNDE!

SALUT LES FILLES! DU BEAU BOULOT! J'AIMERAIS AUSSI AVOIR UN CARNET. QUELLE EST LA RECETTE?

vendredi 17 septembre 2010

on en parle

interview de Boto Botomogne - Le cru 2010 a été bon
Le président de l'association «Le jeune auteur» fait le bilan de la résidence d'écriture Camaroes 2010.


Parfait Tabapsi, 10 Août 2010,
http://fr.allafrica.com/stories/201008100711.html

Que faut-il garder en mémoire de cette résidence de cinq semaines à Kribi ?

Beaucoup de bonnes choses. Mais le plus important sans doute est cette animation en direction des enfants pendant cette période, à la demande de la mairie de la commune d'arrondissement de Kribi 1er. Nous avons ainsi animé les vacances des enfants de cette circonscription communale sur le plan du dessin, du jeu et de l'écriture théâtraux. Les plus grands (12-18 ans) ont planché sur le texte qui devait ensuite servir à une création scénique encadrée par les participants à la résidence. Cela a duré le temps de la résidence et connu un succès si je m'en tiens à l'avis des populations et des autorités administratives et municipales. Du coup, cela a complété utilement le travail artistique, un peu comme aux résidences des Récréâtrales de Ouagadougou où cet aspect est indépassable. Donc ce côté court m'a plu car c'était une contribution importante à l'endroit d'une ville qui nous a été d'un secours incommensurable. Une commune qui, par la grâce de son maire, a mis à notre disposition pendant plus d'un mois l'hébergement conséquent, nous permettant ainsi de travailler en toute sérénité. Tout en lui disant merci, je pense qu'en tant qu'organisateur, je lui serai toujours reconnaissant pour son geste.

Que retenir de la résidence en elle-même ?

Avant toute chose permettez que je précise que cette résidence a connu la participation de deux Françaises (Stéphanie Lefort et Judith Lesur) et trois Camerounais (Chantal Bonono, Wakeu Fogaing et moi-même). Le thème portait sur la désobéissance et devait inspirer et nourrir la créativité des dramaturges dans l'écriture de textes pour le théâtre des marionnettes. Tout s'est bien passé pour cette quatrième édition Le Camaroes 2010. Cela dans la mesure où de très beaux textes en sont sortis et seront publiés dans un recueil comme de coutume. L'association Le jeune auteur que je dirige a aussi pris l'engagement de favoriser la mise en scène de ces textes ainsi que la diffusion des spectacles qui en découleront. Par ailleurs, un film documentaire sur la résidence est en préparation et sera bientôt disponible.

Peut-on savoir comment s'est opéré le choix des candidats ?

Nous avons, avec notre partenaire Le théâtre le guignol de Lyon en France, lancé un appel à candidatures comme pour les précédentes éditions en juillet 2009. Appel qui nous a permis après réception des 30 candidatures venues d'Afrique et d'Europe de retenir cinq auteurs africains qui n'ont malheureusement pas pu faire le déplacement du fait de nos difficultés financières. Nous nous sommes donc retrouvés à Kribi du 1er juillet au cinq août dernier avec seulement les cinq autres candidats. Le prochain appel à candidatures sera lancé en septembre pour l'édition Le Camaroes 2011. Le maire de Kribi 1er a insisté pour nous recevoir à nouveau l'année prochaine, à condition que la durée de la résidence soit prolongée d'un mois supplémentaire. Histoire de prolonger le plaisir des gamins à travers une animation qui lui est restée en mémoire et qu'il souhaite revoir et grandie sous forme de colonie de vacances. Nous en profiterons certainement pour programmer au cours de cette période là un atelier de formation des administrateurs culturels qui manquent cruellement chez nous.

mercredi 15 septembre 2010

Spectacle au CENTRE CULTUREL FRANÇAIS DE DOUALA

WAKEU FOGAING ET LE CINQUANTENAIRE 

Au Centre culturel Français De Douala
le 21 octobre à 20 heures.


Un nouveau spectacle et un thème de circonstance :
le Cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun, que Wakeu Fogain honore avec une jubilation particulière.
 


1Wakeu Fogaing est né un 20 mai et ce n’est pas sans conséquence sur son éducation, sur son enfance et sur sa carrière. C’est autour de la célébration du Cinquantenaire de l’indépendance du Cameroun qu’il tourne en dérision son enfance et son rapport avec son père.
Celui-ci était en effet persuadé que la date de naissance de son fils conférait automatiquement à ce dernier une responsabilité particulière...
Wakeu Fogaing délaisse, le temps d’un spectacle, le destin de Monsieur Nimportequi qu’il conte depuis une décennie, et jette un regard dans le rétroviseur de sa vie jusqu’à ce Cinquantenaire.
Il se saisit des mots, du langage et, via une alchimie particulière, les transforme pour décrire ce qu’il considère comme « le sort de son quotidien ».
La première partie de ce spectacle sera assurée par deux jeunes talents parrainés par Wakeu Fogaing.
Wakeu Fogaing est auteur, comédien, metteur en scène et dirige la Compagnie de théâtre Feugham, (Bafoussam) depuis 1993 avec l’auteur dramatique Kouam Tawa. 
Jeudi 21 Octobre 2010 à 20hTarifs : 2500 Fcfa / 1500 Fcfa Adhérents

mardi 31 août 2010

alphabête



Kayabochan, la caboche pleine de chants, kayakant sur les copies
Wakeu, dédaignant les faux gains pour les vraies trouvailles
Boto, boutant les facilités sous son front buté
Stéphanie, flânant sans faner
Judith, disant son jus

jeudi 26 août 2010

pensée

L'ainé nait le premier, le sage n'importe quand.
Proverbe Bamiléké.

mardi 24 août 2010

CITATION!

FONTENELLE:"Une belle femme est le paradis des yeux,l'enfer de l'âme et le purgatoire de la bourse"

PENSEE!

BOSSUET: "NOS VRAIS ENNEMIS SONT EN NOUS MÊMES"

lundi 23 août 2010

pensée

Si quelqu'un vit s'en qu'on s'en aperçoive, quand il mourra on ne s'en s'apercevra pas aussi
proverbe Camerounais

vendredi 20 août 2010

Train train quotidien!

l'ordinaire m'acceuille voracement
Après l'enchantement de Kribi!
Fait moins froid à yaoundé qu'à Bafoussam
Mais pour moi c'est déjà assez
car mes copies bouffent déjà
les relents de chaleur

ACROSTICHES POUR LYON!

JUDITH

Joliesse éthérée
unique
distante
increvable côté caméra
touchante
habile

KAYABOCHAN

ACROSTICHES POUR LYON!

Stéphanie
Très gente dame
éclatant d'un rire joyeusement africain
patiente au possible
hargneuse point
active plus
nobnostant l'
irrationalité
engagée aux tâches prométhéennes

KAYABOCHAN

Poésie en résidence

Le jour se lève sur ma peine
Qui cherche délibérément un pilier
Pour dribbler le vide.
Le sentiment d’être nul me gagne.
C’est pénible de tendre la main chercheuse d’aide
A l’horizon indigent
Dans un désert de fraternité humaine.
Et le jour se lève annonçant le soleil
Qui brûle tout espoir de sourire
Quand on n’a rien à donner
Au petit qui attend la colère de sa faim.


Wakeu Fogaing

jeudi 19 août 2010

moi(s) camerounais

Mon mois (moi) camerounais s'enfonce dans les strates inférieures, s'enroule sur le méridien de ma colonne vertébrale, en imprègne la moelle.
L'épiderme frissonne sous les coups conjoints du mistral et du soleil provençaux.
Les neurones dansent leur ressac, la nouvelle lune de septembre rythme la marée des images des travaux en cours.
Kribi est une couche supplémentaire de mon millefeuille cérébral.

mardi 17 août 2010

Pour Kaya

Petite Peste inapte
Stephanie
Tapinait
Sans haine
Ne pensait pas
Ne pesait pas.
Anéantie

Un mois déjà

Elle se demande ce qu'elle a bien pu faire de tout ce temps. Un mois déjà. Le 17 juillet pour elle c'est une date particulière, il y a eu une naissance, un mariage, et 43 autres 17 juillet où elle a pu aussi bien fumer son premier joint, recevoir les résultats du bac, tuer une araignée, dormir à la belle étoile quelque part dans la vallée du M'goun, se brûler méchamment la peau au soleil, sentir son corps s'enfiévrer et dans la même ivresse rester flou, flotter dans des vapeurs de rhum arrangé, fêter l'anniversaire de sa mort, qui sait. Un mois a passé depuis le dernier 17 juillet. Et quoi: même pas quatre messages sur son nouveau blog, elle a honte. Mais elle est encore en vie. Et quoi. Encore: Elle se demande ce qu'elle a bien pu ne rien faire de toutes ces heures, ruminer des colères bovines, oui, massacrer un champ d'OGM, même pas, se tromper de chemin, revenir en arrière, prendre la bonne route, lire Clooser et puis Paris Match, et puis Marianne, et puis se dire merde quoi tout ça pour ça, pourquoi avoir coupé les lanières des martinets, elle aurait bien fouetté le chat de la voisine qui laisse des odeurs de cadavre à la traîne de ses victimes. Et aussi, elle en a vraiment marre de Sarkozy. By the way: Chantal veut bien l'échanger contre Paul Biya. Pas sûr que le coiffeur de madame y gagne au change.

BEAU PRESENT!!

C'est un plurilipogramme c'est-à-dire: faire des vers avec le nombre de lettres qu'il y a dans le prénom d'une personne. De plus, utilisez ces lettres dans chacun des vers:

VINCENT

Vint vite vin veni vici
En cette tine nice
Cent vent t'en vient et
Ni ce cine ne te vit net vice

KAYABOCHAN

HAIKU!

Réputé comme le poème le plus court du monde, de tradition japonaise très ancien et très actif. Exemple:

Dans la pièce grise
Un tableau plus blanc que noir
Imprime mon poème
Sur ma page soleil
Je gomme des mots et des lettres
Arrive mon poème

KAYABOCHAN

samedi 14 août 2010

gouttes d'Oh



toute petite pluie ici,
ah... quand Kribi lâchait ses urines célestes...

jeudi 12 août 2010

un sourire de Bafoussam

ma ville est belle et porte un sourire permanent depuis que je suis revenu. 
son froid m'a accueilli froidement et maintenant je suis dans son habitude. 
le soir sur la table bureau de ma chambre, je pense à Kribi en quelques mots et ma mémoire nage dans la mer de la plage de Benae. 
Aldric Pharell mon dernier fils courent entre le bordel que ces quinze mois lui donnent la liberté de foutre. avec sourire Yolande et moi le regardons tenir tête au sommeil qui lui ferme pourtant déjà les yeux. 



mardi 10 août 2010

Ecrire Kribi

Il est 14h30. Mon sac pèse une tonne sur mes épaules. J'enfourche la moto. Le siège en simili-cuir me brûle les fesses. Tirée en arrière par la poids du sac, je me penche, poitrine collée tout contre le dos du chauffeur, mes cuisses entre ses cuisses. Il démarre. Mon regard glisse une dernière fois sur les rues de Kribi. Des inscriptions de toutes sortes signent la ville et explosent en mille fragments dans ma boîte crânienne. ON EST BIEN ICI SAINTE MARIE REFUGE DES PECHEURS D'EBOM CUK CHEFFERIE DU VILLAGE ETANCHE TA SOIF 99 70 65 42 JOHNNY CE SOIR AMSTEL GLACEE GUINNESS MALTA BRUNE TRANSFERT PAS CHER CAMTEL BEACH FESTIVAL DU DOCUMENTAIRE POISSONS FRAIS A L'EMBARCADERE MOULIN A ECRASER INTERDIT D'URINER ROUTE SANS IST ET TOUT ET TOUT ET TOUT ET TOUT ET TOUT TOUT TOUT TOUT il faudra que je mette un peu d'ordre dans ce chaos.

vendredi 6 août 2010

J'arrrrrive, je reviens

Je ferme les yeux, les souvenirs me cafardent les neurones.
Kribi, la langue de la mer, sa gorge remplie d'amertume, je la sens me lécher les paupières, je ferme les yeux.
Monte comme une pointe d'agacerie dans mon ventre, car enfin revient le goût aigre du ndolé, j'ouvre les yeux.
Oh! Joie! Fourvière en majesté pointe ses quatre sexes vers le ciel argenté!

Langues voisines

Et Judith, je la sens, elle est là...

passereaux et passerelles

le soir, je parle marabout avec Kourouma et Hampate Ba et le jour, j'écoute Émile, qui n'a quitté sa ferme de Haute-Provence que pour son service militaire il y a plus d'un demi-siècle : "le millepertuis, au bout de la ligne de lavande, c'est pour éloigner les sorcières"...

ça

ça broute à la fin ces bouts d'histoire calcinée.
Reste le ça.
Le ça du "ça s'est bien passé".
Une lettre avec une queue qui lui pendouille par en-dessous, un alpha qui serait le début d'un roman, et ce binôme idiot, ce ça, rien que ça, tout ça, tout mettre dans le ça, car c'est ça qu'ils veulent entendre, ça s'est bien passé, c'est ça?
Mais c'est comment, ça?
C'est quoi, ça?
Ah! Ah! Ah!
Pour le ça-voir, va falloir ça-crocher.

jeudi 5 août 2010

pensée

"Mieux vaut un sage ennemi qu'un ami dangereux"


proverbe Bamiléké

mardi 3 août 2010

ici c'est l'hiver

Bafoussam connaît son hiver. 
ça fait trente quatre ans que je vis ici et je n'ai jamais connu pareil froid. 
le froid entre profondément en moi. 
jusqu'au os et la chair s'essouffle  de cette violence inhabituelle.  

lundi 2 août 2010

Souvenir de Kribi

Dans les rues de Kribi
J’ai rincé mes yeux
A des formes érotiques
Des sirènes en maillot de bain
En nageant dans l’espoir
Que vienne vite le moment pour moi
De plonger dans ta mer.
Sur les plages de Kribi,
Regardant les corps nus,
La tentation m’a fait construire
Sur ta plage virtuelle,
Un château
En sable de coquillages. 

Wakeu Fogaing

jeudi 29 juillet 2010

Martyrionnettes


Après le massacre des marionnettes, brûlées en plage publique, réduites en sable sur la grève, les auteurs donneront une voix à leurs effigies.
Martyrionnettes pendues à nos cordes vocales.

Sur le fil du rivage

Phèdre
Ariane ma soeur de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée?

mercredi 28 juillet 2010

j'ai suicidé Massibotu

la mer, complice, l'a avalé
j'ai noyé
ma première marionnette
avant qu'elle ne devienne fétiche

Molière est un petit garçon de bois

le fils caché de Wakeu Fogaing

hey, taximan !


le taximan de Kayabochan

Vague à l'âme!

Bientôt nos adieux à Kribi!
Sentiment doux amer
Permettez l'oxymore...
kribi!
Anse où se sont abrités
pendant un mois
la blancheur de Lyon
les bronzés de Balamba et Bafoussam
et la grosse sirène bafiaise
pour qui l'eau n'a plus de secrets!
Bienfaisantes ondées
Tumultueuses ou caressantes vagues
orageux vent ou zéphyr
Entraînés dans le coit de la création
où personnages et éléments
fusionnant leurs humeurs ont
produit des textes
bouteilles à la mer de vigny!
        kayabochan

mardi 27 juillet 2010

Poésie en résidence


Ça m’est égal que le ciel tombe
Sur le peuple en pleur
Ça m’est égal que la dictature se moque
Des élections sans fraudes.
Ça m’est égal qu’on achète des armes
Quand le moustique nous pique.
Ça m’est égal que personne
N’écoute le poète qui chante
Ça m’est égal qu’on ne se plaigne de rien
Quand la misère écrase l’espoir de la jeunesse.
Ça m’est égal que le pays sombre
Sous le poids de la mal-gérance.
Ça m’est égal qu’on meure
Qu’on souffre de la torture.
Ça m’est égal qu’on se fatigue
Du manque des soins, de l’absence d’hôpitaux
Ça m’est égal que les cadres se soignent
Dans des pays plus riches.
Tout cela m’est égal
A condition que l’homme n’arrête pas de mourir.

Wakeu Fogaing

Blanche, née le 26 juillet 2010


lundi 26 juillet 2010

Où sont les gorilles?

Il nous prend aujourd'hui de nous perdre au coeur des petits villages qui s'éparpillent entre la mer et la forêt. Nous commençons par le chemin familier qui mène à la salle communautaire de Mboamanga, chefferie de Batanga, là où nous donnons les ateliers d'écriture. De part et d'autre de la route, les call-box ressemblent à des castelets de Guignol. On coule un regard fouineur sur les cases recouvertes de tôle où les enfants entament des pas de danse, jouent au foot, sucent des bonbons rouges. La vie est dehors sur le seuil de la maison, on s'apostrophe, on nous salue: "Bonjour les blanches!". Là on vend des tomates sur une planche de bois brut, des ignames pour le foufou du soir, des prunes amères que l'on jettera dans la braise, sous la marmite de macabo. On quitte la route principale pour suivre un étroit sentier de terre brune et sèche comme une peau d'éléphant. Le ciel est une immense brume mélangée à des trainées de poudre bleue. On croise des morceaux de maison: des murs de parpaings disgracieux dont on ignore s'ils sont le commencement ou la fin du rêve. Plus loin une clairière s'ouvre à la forêt vierge. C'est un entrelac de palmiers, de badamiers et d'arbres sauvages. Compacte au plus près de la terre, la forêt s'éfiloche en ses sommets, offrant ses doigts tordus à la course aérienne des singes.
On s'assoit. Une vieille femme rentre du champ. Elle tient croisées sur ses épaules la houe et la machette. Elle marche doucement, on a le temps d'échanger quelques mots, un sourire. Puis le silence.

dernière semaine...

les textes vibrent dans les machines
les marionnettes sont bricolées
la plage sera notre castelet...

Nous n'irons pas voir les pygmées

Nous n’irons pas voir les pygmées.
Parce qu’il faudrait sacrifier au rituel folklorique de la pirogue, nous prenant pour d’imbéciles explorateurs de nulle part.
Parce que j’aurais honte de violer la forêt sans y être invitée.
Parce que je n’ai aucune raison de croire qu’ils me désirent.
Parce que sentir leur présence me suffit.
Parce que je n’ai rien à leur apprendre et rien à leur donner.
Le contraire est peut-être vrai, mais encore faudrait-il que je sois prête à recevoir des miettes.
Parce que j’aurais trop peur de laisser des traces.
Parce qu’on ne peut pas voir l’invisible.
Je me contenterais des vendeurs de tchikis qui pullulent sur les plages.

dimanche 25 juillet 2010

Oh! La belle bannière!


Matin chagrin

Là j'aurais envie de fendre en deux à coupe-coupe machette la mer trop grise et lisse, saigner aux quatre veines son arrogante platitude, dans la plaie ouverte vomir mes migraines et hurler à la lune bien pleine qu'elle ne luira jamais que pour d'inutiles basse-cours. Là je voudrais lacher mes colères jaunes, là gifler le cul des filles trop lâches pour être belles.
Là je voudrais que suinte des murs fissurés de vrais éclats de rire, des lames tranchantes qui laisseraient de belles cicatrices violettes sur la peau des crocodiles.
Là je voudrais bien m'embrumer la gueule à grande lampée de bière tiède et qu'un cavalier surgissant hors de la nuit m'apporte pour me consoler de la confiture d'abricot.
las... de guerre lasse, de traviole et boiteuses nos connes utopies...

Poésie en résidence

Prenons le mot pour mot
Sans lire autour du sens
Le sens contraire du mot.
Prenons le mot tout nu
Sans habiller le mot
De toute fioriture.
Prenons le mot ami
Qui est si proche de nous
Sans mettre tout autour
Un verbe qui l’habille.
Tout mot est beau tout nu
Et on peut apprécier 
La longueur stérile
De sa virilité. 

tranche de résidence

portrait à la capuche

poésie à Kribi

La table est si dure
Que la feuille reste blanche
Et la pointe en érection de ma mine
Ne trouve pas l’accès
A l’ambiance coïtale de la création.
Les idées me volent la vedette d’auteur
Et vagabondent en touristes
Dans mon mal d’inspiration.
Pleure feuille blanche pleure
Pleure la mauvaise saison des mots.
Une marionnette viendra
Etre l’enfant qui naît en absence d’espoir.
Mets ton pyjama et dors sur ta blancheur
Demain peut-être,
Ma main noircira tes lignes sensuelles
D’encres fécondes aux couleurs de Kribi. 

samedi 24 juillet 2010

par/chemins

Poésie en résidence

Les mots de coquillages se tissent d’aventures
Dans les idées crabes de la mer.
Tu n’écris pas Kribi
Dans la gueule de poissons
Minuscules garnitures
Des repas de Solo.
C’est la marionnette qui conduit
Ta voiture
Pour traverser les ponts en maillot de bain
De  ton imagination. 

Sécrétions!


saviez-vous que l'homme est un océan concentré? Dans la mesure où il n'est qu'un ensemble de sécrétions. Demandez à stéphanie Lefort, judith Lesur, Wakeu Fogaing, Boto et enfin à Chantal BONONO alias KAYABOCHAN

vendredi 23 juillet 2010

la voix de l'eau

La mer écoute nos voix et participe à nos discussions sur les textes. La mer danse sans cesse sur la plage pendant que nous marchons dans les mémoires des autres pour fouiller de nos pieds d'auteurs les reliefs de leur texte en chantier. la voix de la mer sonne toutes les nuits au rythme des secrets qu'elle entend au bord des multiples plages de la terre. et le vent comme son compagnon fidèle écrase les vagues sur la langue des sables de Kribi. les auteurs avalent ce repas de la nature entre deux goulots de mots glissants.
et ça va si vite si bien cette musique d'eau comme le violon d'un temps d'amour. 

amour des bêtes, bis !


chenille ou marionnette ?
 

jeudi 22 juillet 2010

Amour des bêtes!

Pourquoi tu aimes regarder les bêtes qui baisent? Qu'ont-elles à t'apprendre? N'es-tu pas un peu pervers dans le fond? Ou alors est-ce du simple voyeurisme? Franchement je me demande ce que l'on peut bien trouver d'intéressant à des bêtes qui baisent?
Pourquoi j'aime regarder les bêtes qui baisent? Parce que c'est simple comme un coup de bite. Justement tu connais l'expression baiser comme des bêtes... La bête y va sans fioritures, sans circonlocutions, sans hypocrisie. C'est direct l'amour chez les bêtes, c'est sans masque, sain, nu. Elles y vont quand ça leur prend. Pas comme les humains qui veulent tout contrôler: un coup je veux, un pas devant; un coup je ne veux pas, deux pas derrière: c'est de la danse bafia où je ne m y connais pas. Et puis, il y a aussi toutes ces perversités qui rendent l'amour malsin chez les hommes. Alors je te le dis, je préfère être voyeur des bêtes que voyeur des hommes.

Indiscrétion

Les mains étrangères l’une à l’autre, posées bien à plat sur leurs cuisses respectives. Ils jouaient à la balançoire et se sont rapprochés, leurs genoux à se toucher. Ils ne voient pas le python embusqué dans les branches de l’arbre, ils se croient à l’abri de sa frondaison.Gracieux penchant de la femme en bleu à califourchon sur une queue bifide, entrouvre ses lèvres et glisse une langue fouineuse dans le pavillon moite de son partenaire à casquette.

Sans maudire, le sable se laisse gentiment griffer par le soleil.

Nuit d'orage

Possible que j’ai bu une bière de trop hier.

Pas sûr. Mais possible.

Il a beaucoup plut en fin de soirée. Dans une atmosphère déjà surchargée d’humidité, ça faisait beaucoup pour mes articulations et j’ai du penser qu’un peu d’alcool me ferait du bien. J’ai marché sur la route jusqu’à la première guinguette posée bancale en bord de plage. C’était bien éclairé, correctement abrité des paquets d’eau qui dégringolaient du ciel.

La fille du bar était grosse, comme je les aime et l’odeur de poisson grillé m’a mis en confiance. Il n’y avait pas grand monde. Une famille attablée devant les images brouillées d’un vieux poste de télévision finissait un jus couleur sang. J’ai bien regardé leur petite fille, elle avait du rouge tout autour de la bouche et ça lui dégoulinait sur le menton. Quand elle a sorti sa langue pour s’essuyer les lèvres, j’ai remarqué qu’elle avait des canines taillées en pointe.

J’ai commandé une grande Amstel glacée. C’est le genre de boisson qui vous donne des aigreurs d’estomac mais on a beau le savoir, on y revient toujours. En premier, j’hésite. Puis je me laisse convaincre par son amertume, et je dois dire qu’elle me console de bien des tracas qui me pourrissent la vie et me serrent le cœur rien que d’y penser.

C’est possible que j’en aie bu une deuxième. C’est même possible que la grosse ait raison quand elle me crache dessus que j’ai vidé sa réserve d’Amstel glacée. Mais quand elle affirme devant l’homme en tenue que j’ai voulu lui faire un bébé dans les fesses, j’ai comme un doute.

En tout cas, même si j’ai fait ça, même si j’ai manqué de respect à la dame, c’est pas une raison pour me jeter dans un cul de bas fosse, confisquer mes papiers, et me condamner à dix ans de travaux forcés. Je trouve que leur décision est un peu rapide. C’est vrai, quoi, putain. J’ai encore la gueule de bois.

graines de comédiens

Massibotu, avec les moyens du bord


un bout de ficelle ramassé sur la route,
une boîte de conserve
du bois
un embryon de noix de coco
un morceau d'écorce tramée comme un tissu
du sable
un bracelet offert par Kayabochan

mercredi 21 juillet 2010

ELUCUBRATIONS DE KAYABOCHAN

L'écume, c'est le prolongement de la vague, lorsqu'elle vient mourir sur la rive. Elle est mousseuse on dirait la salive grise de l'eau. Elle transporte une infinité de grains de sable. Plus la vague ondule, plus l'écume mousse comme le savon et ondoiement sur le rivage berçant de ses remous l'inconnu qui veut flirter avec elle sans trop l'étreindre. S'il glisse impudemment dans l'écume, totalement immergé, il se liquéfie comme elle. C'est la parfaite fusion, la communion au goût de fin de monde. Douce, mais parfois violente lors des orages, chaude par beau temps, grise ou bleue, belle, dessinant des arabesques sur la rive, l'écume est la fleur des océans.

mardi 20 juillet 2010

Marionnette à moi!

Atermoiement éreintant! La maternité universelle! Ornementer aimanter font une part. Ta moitié/ la mienne. Tétra-né-or
Marionnette à moi! Mâtiner ton entier dans l'absolu. Remanier ma trentaine. Une rétention à normer pour arrêter la menotte.

j'ai rencontré mon personnage, Massibotu

lundi 19 juillet 2010

écrire à plusieurs voies


au carrefour des imaginaires,
les styles frottent leurs tôles,
carambolage de mots,
déviation de sens :
conduite accompagnée avant le permis

dimanche 18 juillet 2010

Bon dimanche

Ce dimanche à Kribi il y a de la carte postale dans l’air.
La route est chaude. On sent les cailloux sous nos semelles trop fines, ça nous met du sable entre les doigts de pied, comment dire que… côté continent la terre pâteuse entre les planches assoie solidement les abris des pêcheurs, c’est-à-dire que, comment… quoi… côté océan les piroguiers crachent la coque des arachides qu’ils mâchent à pleine bouche. C’est comment, c’est quoi, ces yeux jaunes qui suivent la route où deux blanches se dessèchent la langue à force de quoi comment d’où… Des pointes rouges piquent au sang les haies de grasses plantes dont on ignore le nom, si belles, capiteuses, où l’oiseau moustique tente sa première sortie. C’est quoi, c’est comment là-bas silencieuses les chutes de Lobé s’anéantissent dans la mer. Violette et crémeuse la mer aspire les crabes translucides. On pose nos fesses sur le mouillé à l’ombre des palmiers… c’est comment, que tu dis que… Passe là devant entre la forêt vierge et le désert de bave salée un ventre de vieillard au bras d’une fi-fi-fi… fillette prépubère et… comment… perdue… elle ment : « c’est comment combien que tu vas cracher ta tune en sperme dans mon cul ? ».
Ce dimanche, à Kribi, oui.

Rencontre avec



Rencontre avec…
CHANTAL BONONO Alias KAYABOCHAN
‘’La marionnette est ontologiquement désobéissance’’
Auteur de recueils de nouvelles (Edition Proximité, Edition de la Ronde) et de pièces de théâtre.
Cofondatrice du Festival de Théâtre Scolaire dirigé par l’Apthec (Association des Professionnels du Théâtre du Cameroun). Cette enseignante de langue au Cameroun offre le plus de son temps à l’écriture.

Depuis quelques jours, vous participez à la résidence d’écriture Le Camaroes 2010. Quel est votre sentiment après ces jours ?
Très bons sentiments. Une résidence d’écriture où l’on reçoit un traitement royal, c’est-à-dire bien logé, entretenu. Mais aussi des ateliers enrichissants. Cela facilite les conditions de travail des auteurs.
Si vous nous parliez de cette rencontre avec la marionnette dont le thème de la résidence s’articule tout autour.
Non ! pas vraiment je savais vaguement ce que c’est la marionnette. N’ayant jamais assisté à un spectacle de marionnette en tant que tel. Je l’ai trouvée étrange.
Cependant, le thème de l’atelier c’est écrire pour la marionnette. Qu’est-ce que cela vous inspire réellement ?
Pour moi, c’est creuser dans le sens d’une nouvelle ouverture. C’est en même temps, singulariser mon écriture en pensant que chaque mot, chaque idée que je couche sur papier, ce ne sont plus des hommes, des acteurs anthropomorphes, qui vont jouer, mais plutôt une marionnette à portée universelle et pour tout public. Parce qu’il faut le dire, j’ai longtemps cru que la marionnette concernait le théâtre pour enfants. A présent, j’ai compris que le théâtre traite aussi des thèmes universels, existentiels et que par le biais de la marionnette, on peut tout se permettre. Parce qu’elle est ontologiquement inscrite sous le signe de la désobéissance.
Pendant un mois, il faudra rédiger des textes de théâtre sur la marionnette. En tant qu’auteure, à quoi devra-t-on s’attendre ?
Nous irons de la fabrication de la marionnette à sa manipulation afin d’écrire un texte qui tienne compte de sa simplicité et de sa complexité simultanément.
Si on parlait de cette rencontre entre vous les auteurs camerounais et français. Qu’en dites-vous ?
C’est une rencontre fort enrichissante. Des échanges fructueux où l’on s’ouvre à l’autre, à sa culture, bref à l’humain.
Propos recueillis par Martial E.NGUEA

samedi 17 juillet 2010

Echappée belle

Les tongs de Judith tentent une discrète échappée vers la mer...

déjà...


déjà quinze jours d'écriture,
d'expérimentation,
de partage de trouvailles ou de ratures...

jeudi 15 juillet 2010

Retour au bord de l’océan




Les programmes d’écriture de Stéphanie et Judith en compagnie de leurs petits copains, écrivains en herbe de Kribi n’ont pas mis sous l’éteignoir le charme irrésistible de la résidence les Camaroes 2010. Sans repos, elles reprennent les ateliers selon le programme établis, les après-midi de 15 à 18 heures, les auteurs reprennent du poil de la bête avec l’objet de leur séjour dans la cité balnéaire. Ce mercredi, la recherche des personnages et des dialogues s’affichait au programme. Chaque auteur est parti de son latin et de sa perception pour travailler les exercices savamment choisis par Stéphanie.
Retour au bord de l’océan atlantique qui échoue au flanc des fenêtres, apportant ainsi sa source d’inspiration à laquelle, les auteurs s’abreuvent abondamment. Caressé par la frénésie succédant des vagues, qui avec leur ondulation, lâchent les morceaux de mots dont s’emparent vigoureusement chaque auteur pour en faire la matrice de son texte. La marionnette est comme ce morceau de palme saisi par Judith. Botomogne trouve l’amour entre le sel et le sable; Dans le grand jeu de rôles où s’engonce Wakeu Fogaing, les tirades d’amour entre le corail et la crevette. Chantal Bonono a vu en la sirène ou encore Mamy Wata et l’écume les joutes oratoires d’un dialogue touchant autour d’un rocher. Et les dialogues pleuvent. On se demande bien qui tirera, la marionnette, la plus pétillante. Les champs d'inspiration sont nombreux: la mer, la forêt et le débarcadère, la nature. les textes de nos auteurs cherchent encore le vrai C(h)oeur pour leur cadence.
Martial E Nguea