promouvoir l'écriture francophone contemporaine


Le Théâtre Le Guignol de Lyon et l'association camerounaise Le Jeune Auteur développent ensemble des projets réunissant auteurs africains et français


Écrire pour la marionnette

Kribi, 2 juillet - 4 août 2010

jeudi 29 juillet 2010

Martyrionnettes


Après le massacre des marionnettes, brûlées en plage publique, réduites en sable sur la grève, les auteurs donneront une voix à leurs effigies.
Martyrionnettes pendues à nos cordes vocales.

Sur le fil du rivage

Phèdre
Ariane ma soeur de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée?

mercredi 28 juillet 2010

j'ai suicidé Massibotu

la mer, complice, l'a avalé
j'ai noyé
ma première marionnette
avant qu'elle ne devienne fétiche

Molière est un petit garçon de bois

le fils caché de Wakeu Fogaing

hey, taximan !


le taximan de Kayabochan

Vague à l'âme!

Bientôt nos adieux à Kribi!
Sentiment doux amer
Permettez l'oxymore...
kribi!
Anse où se sont abrités
pendant un mois
la blancheur de Lyon
les bronzés de Balamba et Bafoussam
et la grosse sirène bafiaise
pour qui l'eau n'a plus de secrets!
Bienfaisantes ondées
Tumultueuses ou caressantes vagues
orageux vent ou zéphyr
Entraînés dans le coit de la création
où personnages et éléments
fusionnant leurs humeurs ont
produit des textes
bouteilles à la mer de vigny!
        kayabochan

mardi 27 juillet 2010

Poésie en résidence


Ça m’est égal que le ciel tombe
Sur le peuple en pleur
Ça m’est égal que la dictature se moque
Des élections sans fraudes.
Ça m’est égal qu’on achète des armes
Quand le moustique nous pique.
Ça m’est égal que personne
N’écoute le poète qui chante
Ça m’est égal qu’on ne se plaigne de rien
Quand la misère écrase l’espoir de la jeunesse.
Ça m’est égal que le pays sombre
Sous le poids de la mal-gérance.
Ça m’est égal qu’on meure
Qu’on souffre de la torture.
Ça m’est égal qu’on se fatigue
Du manque des soins, de l’absence d’hôpitaux
Ça m’est égal que les cadres se soignent
Dans des pays plus riches.
Tout cela m’est égal
A condition que l’homme n’arrête pas de mourir.

Wakeu Fogaing

Blanche, née le 26 juillet 2010


lundi 26 juillet 2010

Où sont les gorilles?

Il nous prend aujourd'hui de nous perdre au coeur des petits villages qui s'éparpillent entre la mer et la forêt. Nous commençons par le chemin familier qui mène à la salle communautaire de Mboamanga, chefferie de Batanga, là où nous donnons les ateliers d'écriture. De part et d'autre de la route, les call-box ressemblent à des castelets de Guignol. On coule un regard fouineur sur les cases recouvertes de tôle où les enfants entament des pas de danse, jouent au foot, sucent des bonbons rouges. La vie est dehors sur le seuil de la maison, on s'apostrophe, on nous salue: "Bonjour les blanches!". Là on vend des tomates sur une planche de bois brut, des ignames pour le foufou du soir, des prunes amères que l'on jettera dans la braise, sous la marmite de macabo. On quitte la route principale pour suivre un étroit sentier de terre brune et sèche comme une peau d'éléphant. Le ciel est une immense brume mélangée à des trainées de poudre bleue. On croise des morceaux de maison: des murs de parpaings disgracieux dont on ignore s'ils sont le commencement ou la fin du rêve. Plus loin une clairière s'ouvre à la forêt vierge. C'est un entrelac de palmiers, de badamiers et d'arbres sauvages. Compacte au plus près de la terre, la forêt s'éfiloche en ses sommets, offrant ses doigts tordus à la course aérienne des singes.
On s'assoit. Une vieille femme rentre du champ. Elle tient croisées sur ses épaules la houe et la machette. Elle marche doucement, on a le temps d'échanger quelques mots, un sourire. Puis le silence.

dernière semaine...

les textes vibrent dans les machines
les marionnettes sont bricolées
la plage sera notre castelet...

Nous n'irons pas voir les pygmées

Nous n’irons pas voir les pygmées.
Parce qu’il faudrait sacrifier au rituel folklorique de la pirogue, nous prenant pour d’imbéciles explorateurs de nulle part.
Parce que j’aurais honte de violer la forêt sans y être invitée.
Parce que je n’ai aucune raison de croire qu’ils me désirent.
Parce que sentir leur présence me suffit.
Parce que je n’ai rien à leur apprendre et rien à leur donner.
Le contraire est peut-être vrai, mais encore faudrait-il que je sois prête à recevoir des miettes.
Parce que j’aurais trop peur de laisser des traces.
Parce qu’on ne peut pas voir l’invisible.
Je me contenterais des vendeurs de tchikis qui pullulent sur les plages.

dimanche 25 juillet 2010

Oh! La belle bannière!


Matin chagrin

Là j'aurais envie de fendre en deux à coupe-coupe machette la mer trop grise et lisse, saigner aux quatre veines son arrogante platitude, dans la plaie ouverte vomir mes migraines et hurler à la lune bien pleine qu'elle ne luira jamais que pour d'inutiles basse-cours. Là je voudrais lacher mes colères jaunes, là gifler le cul des filles trop lâches pour être belles.
Là je voudrais que suinte des murs fissurés de vrais éclats de rire, des lames tranchantes qui laisseraient de belles cicatrices violettes sur la peau des crocodiles.
Là je voudrais bien m'embrumer la gueule à grande lampée de bière tiède et qu'un cavalier surgissant hors de la nuit m'apporte pour me consoler de la confiture d'abricot.
las... de guerre lasse, de traviole et boiteuses nos connes utopies...

Poésie en résidence

Prenons le mot pour mot
Sans lire autour du sens
Le sens contraire du mot.
Prenons le mot tout nu
Sans habiller le mot
De toute fioriture.
Prenons le mot ami
Qui est si proche de nous
Sans mettre tout autour
Un verbe qui l’habille.
Tout mot est beau tout nu
Et on peut apprécier 
La longueur stérile
De sa virilité. 

tranche de résidence

portrait à la capuche

poésie à Kribi

La table est si dure
Que la feuille reste blanche
Et la pointe en érection de ma mine
Ne trouve pas l’accès
A l’ambiance coïtale de la création.
Les idées me volent la vedette d’auteur
Et vagabondent en touristes
Dans mon mal d’inspiration.
Pleure feuille blanche pleure
Pleure la mauvaise saison des mots.
Une marionnette viendra
Etre l’enfant qui naît en absence d’espoir.
Mets ton pyjama et dors sur ta blancheur
Demain peut-être,
Ma main noircira tes lignes sensuelles
D’encres fécondes aux couleurs de Kribi. 

samedi 24 juillet 2010

par/chemins

Poésie en résidence

Les mots de coquillages se tissent d’aventures
Dans les idées crabes de la mer.
Tu n’écris pas Kribi
Dans la gueule de poissons
Minuscules garnitures
Des repas de Solo.
C’est la marionnette qui conduit
Ta voiture
Pour traverser les ponts en maillot de bain
De  ton imagination. 

Sécrétions!


saviez-vous que l'homme est un océan concentré? Dans la mesure où il n'est qu'un ensemble de sécrétions. Demandez à stéphanie Lefort, judith Lesur, Wakeu Fogaing, Boto et enfin à Chantal BONONO alias KAYABOCHAN

vendredi 23 juillet 2010

la voix de l'eau

La mer écoute nos voix et participe à nos discussions sur les textes. La mer danse sans cesse sur la plage pendant que nous marchons dans les mémoires des autres pour fouiller de nos pieds d'auteurs les reliefs de leur texte en chantier. la voix de la mer sonne toutes les nuits au rythme des secrets qu'elle entend au bord des multiples plages de la terre. et le vent comme son compagnon fidèle écrase les vagues sur la langue des sables de Kribi. les auteurs avalent ce repas de la nature entre deux goulots de mots glissants.
et ça va si vite si bien cette musique d'eau comme le violon d'un temps d'amour. 

amour des bêtes, bis !


chenille ou marionnette ?
 

jeudi 22 juillet 2010

Amour des bêtes!

Pourquoi tu aimes regarder les bêtes qui baisent? Qu'ont-elles à t'apprendre? N'es-tu pas un peu pervers dans le fond? Ou alors est-ce du simple voyeurisme? Franchement je me demande ce que l'on peut bien trouver d'intéressant à des bêtes qui baisent?
Pourquoi j'aime regarder les bêtes qui baisent? Parce que c'est simple comme un coup de bite. Justement tu connais l'expression baiser comme des bêtes... La bête y va sans fioritures, sans circonlocutions, sans hypocrisie. C'est direct l'amour chez les bêtes, c'est sans masque, sain, nu. Elles y vont quand ça leur prend. Pas comme les humains qui veulent tout contrôler: un coup je veux, un pas devant; un coup je ne veux pas, deux pas derrière: c'est de la danse bafia où je ne m y connais pas. Et puis, il y a aussi toutes ces perversités qui rendent l'amour malsin chez les hommes. Alors je te le dis, je préfère être voyeur des bêtes que voyeur des hommes.

Indiscrétion

Les mains étrangères l’une à l’autre, posées bien à plat sur leurs cuisses respectives. Ils jouaient à la balançoire et se sont rapprochés, leurs genoux à se toucher. Ils ne voient pas le python embusqué dans les branches de l’arbre, ils se croient à l’abri de sa frondaison.Gracieux penchant de la femme en bleu à califourchon sur une queue bifide, entrouvre ses lèvres et glisse une langue fouineuse dans le pavillon moite de son partenaire à casquette.

Sans maudire, le sable se laisse gentiment griffer par le soleil.

Nuit d'orage

Possible que j’ai bu une bière de trop hier.

Pas sûr. Mais possible.

Il a beaucoup plut en fin de soirée. Dans une atmosphère déjà surchargée d’humidité, ça faisait beaucoup pour mes articulations et j’ai du penser qu’un peu d’alcool me ferait du bien. J’ai marché sur la route jusqu’à la première guinguette posée bancale en bord de plage. C’était bien éclairé, correctement abrité des paquets d’eau qui dégringolaient du ciel.

La fille du bar était grosse, comme je les aime et l’odeur de poisson grillé m’a mis en confiance. Il n’y avait pas grand monde. Une famille attablée devant les images brouillées d’un vieux poste de télévision finissait un jus couleur sang. J’ai bien regardé leur petite fille, elle avait du rouge tout autour de la bouche et ça lui dégoulinait sur le menton. Quand elle a sorti sa langue pour s’essuyer les lèvres, j’ai remarqué qu’elle avait des canines taillées en pointe.

J’ai commandé une grande Amstel glacée. C’est le genre de boisson qui vous donne des aigreurs d’estomac mais on a beau le savoir, on y revient toujours. En premier, j’hésite. Puis je me laisse convaincre par son amertume, et je dois dire qu’elle me console de bien des tracas qui me pourrissent la vie et me serrent le cœur rien que d’y penser.

C’est possible que j’en aie bu une deuxième. C’est même possible que la grosse ait raison quand elle me crache dessus que j’ai vidé sa réserve d’Amstel glacée. Mais quand elle affirme devant l’homme en tenue que j’ai voulu lui faire un bébé dans les fesses, j’ai comme un doute.

En tout cas, même si j’ai fait ça, même si j’ai manqué de respect à la dame, c’est pas une raison pour me jeter dans un cul de bas fosse, confisquer mes papiers, et me condamner à dix ans de travaux forcés. Je trouve que leur décision est un peu rapide. C’est vrai, quoi, putain. J’ai encore la gueule de bois.

graines de comédiens

Massibotu, avec les moyens du bord


un bout de ficelle ramassé sur la route,
une boîte de conserve
du bois
un embryon de noix de coco
un morceau d'écorce tramée comme un tissu
du sable
un bracelet offert par Kayabochan

mercredi 21 juillet 2010

ELUCUBRATIONS DE KAYABOCHAN

L'écume, c'est le prolongement de la vague, lorsqu'elle vient mourir sur la rive. Elle est mousseuse on dirait la salive grise de l'eau. Elle transporte une infinité de grains de sable. Plus la vague ondule, plus l'écume mousse comme le savon et ondoiement sur le rivage berçant de ses remous l'inconnu qui veut flirter avec elle sans trop l'étreindre. S'il glisse impudemment dans l'écume, totalement immergé, il se liquéfie comme elle. C'est la parfaite fusion, la communion au goût de fin de monde. Douce, mais parfois violente lors des orages, chaude par beau temps, grise ou bleue, belle, dessinant des arabesques sur la rive, l'écume est la fleur des océans.

mardi 20 juillet 2010

Marionnette à moi!

Atermoiement éreintant! La maternité universelle! Ornementer aimanter font une part. Ta moitié/ la mienne. Tétra-né-or
Marionnette à moi! Mâtiner ton entier dans l'absolu. Remanier ma trentaine. Une rétention à normer pour arrêter la menotte.

j'ai rencontré mon personnage, Massibotu

lundi 19 juillet 2010

écrire à plusieurs voies


au carrefour des imaginaires,
les styles frottent leurs tôles,
carambolage de mots,
déviation de sens :
conduite accompagnée avant le permis

dimanche 18 juillet 2010

Bon dimanche

Ce dimanche à Kribi il y a de la carte postale dans l’air.
La route est chaude. On sent les cailloux sous nos semelles trop fines, ça nous met du sable entre les doigts de pied, comment dire que… côté continent la terre pâteuse entre les planches assoie solidement les abris des pêcheurs, c’est-à-dire que, comment… quoi… côté océan les piroguiers crachent la coque des arachides qu’ils mâchent à pleine bouche. C’est comment, c’est quoi, ces yeux jaunes qui suivent la route où deux blanches se dessèchent la langue à force de quoi comment d’où… Des pointes rouges piquent au sang les haies de grasses plantes dont on ignore le nom, si belles, capiteuses, où l’oiseau moustique tente sa première sortie. C’est quoi, c’est comment là-bas silencieuses les chutes de Lobé s’anéantissent dans la mer. Violette et crémeuse la mer aspire les crabes translucides. On pose nos fesses sur le mouillé à l’ombre des palmiers… c’est comment, que tu dis que… Passe là devant entre la forêt vierge et le désert de bave salée un ventre de vieillard au bras d’une fi-fi-fi… fillette prépubère et… comment… perdue… elle ment : « c’est comment combien que tu vas cracher ta tune en sperme dans mon cul ? ».
Ce dimanche, à Kribi, oui.

Rencontre avec



Rencontre avec…
CHANTAL BONONO Alias KAYABOCHAN
‘’La marionnette est ontologiquement désobéissance’’
Auteur de recueils de nouvelles (Edition Proximité, Edition de la Ronde) et de pièces de théâtre.
Cofondatrice du Festival de Théâtre Scolaire dirigé par l’Apthec (Association des Professionnels du Théâtre du Cameroun). Cette enseignante de langue au Cameroun offre le plus de son temps à l’écriture.

Depuis quelques jours, vous participez à la résidence d’écriture Le Camaroes 2010. Quel est votre sentiment après ces jours ?
Très bons sentiments. Une résidence d’écriture où l’on reçoit un traitement royal, c’est-à-dire bien logé, entretenu. Mais aussi des ateliers enrichissants. Cela facilite les conditions de travail des auteurs.
Si vous nous parliez de cette rencontre avec la marionnette dont le thème de la résidence s’articule tout autour.
Non ! pas vraiment je savais vaguement ce que c’est la marionnette. N’ayant jamais assisté à un spectacle de marionnette en tant que tel. Je l’ai trouvée étrange.
Cependant, le thème de l’atelier c’est écrire pour la marionnette. Qu’est-ce que cela vous inspire réellement ?
Pour moi, c’est creuser dans le sens d’une nouvelle ouverture. C’est en même temps, singulariser mon écriture en pensant que chaque mot, chaque idée que je couche sur papier, ce ne sont plus des hommes, des acteurs anthropomorphes, qui vont jouer, mais plutôt une marionnette à portée universelle et pour tout public. Parce qu’il faut le dire, j’ai longtemps cru que la marionnette concernait le théâtre pour enfants. A présent, j’ai compris que le théâtre traite aussi des thèmes universels, existentiels et que par le biais de la marionnette, on peut tout se permettre. Parce qu’elle est ontologiquement inscrite sous le signe de la désobéissance.
Pendant un mois, il faudra rédiger des textes de théâtre sur la marionnette. En tant qu’auteure, à quoi devra-t-on s’attendre ?
Nous irons de la fabrication de la marionnette à sa manipulation afin d’écrire un texte qui tienne compte de sa simplicité et de sa complexité simultanément.
Si on parlait de cette rencontre entre vous les auteurs camerounais et français. Qu’en dites-vous ?
C’est une rencontre fort enrichissante. Des échanges fructueux où l’on s’ouvre à l’autre, à sa culture, bref à l’humain.
Propos recueillis par Martial E.NGUEA

samedi 17 juillet 2010

Echappée belle

Les tongs de Judith tentent une discrète échappée vers la mer...

déjà...


déjà quinze jours d'écriture,
d'expérimentation,
de partage de trouvailles ou de ratures...

jeudi 15 juillet 2010

Retour au bord de l’océan




Les programmes d’écriture de Stéphanie et Judith en compagnie de leurs petits copains, écrivains en herbe de Kribi n’ont pas mis sous l’éteignoir le charme irrésistible de la résidence les Camaroes 2010. Sans repos, elles reprennent les ateliers selon le programme établis, les après-midi de 15 à 18 heures, les auteurs reprennent du poil de la bête avec l’objet de leur séjour dans la cité balnéaire. Ce mercredi, la recherche des personnages et des dialogues s’affichait au programme. Chaque auteur est parti de son latin et de sa perception pour travailler les exercices savamment choisis par Stéphanie.
Retour au bord de l’océan atlantique qui échoue au flanc des fenêtres, apportant ainsi sa source d’inspiration à laquelle, les auteurs s’abreuvent abondamment. Caressé par la frénésie succédant des vagues, qui avec leur ondulation, lâchent les morceaux de mots dont s’emparent vigoureusement chaque auteur pour en faire la matrice de son texte. La marionnette est comme ce morceau de palme saisi par Judith. Botomogne trouve l’amour entre le sel et le sable; Dans le grand jeu de rôles où s’engonce Wakeu Fogaing, les tirades d’amour entre le corail et la crevette. Chantal Bonono a vu en la sirène ou encore Mamy Wata et l’écume les joutes oratoires d’un dialogue touchant autour d’un rocher. Et les dialogues pleuvent. On se demande bien qui tirera, la marionnette, la plus pétillante. Les champs d'inspiration sont nombreux: la mer, la forêt et le débarcadère, la nature. les textes de nos auteurs cherchent encore le vrai C(h)oeur pour leur cadence.
Martial E Nguea

Riche cuisine

Le matango, c’est le nectar qui sort du palmier

Le palmier est généreux. Il donne ses noix, ses huiles, ses feuilles, et surtout il donne le matango ou vin de palme. Tout juste écoulé de l’arbre, il est sucré, on dit que c’est du vin de femme. Au bout de quelques heures, il fermente et si on l’aide de quelques feuilles et d’écorce, là ça devient une boisson d’homme. Tu bois un verre, tu pars au lit (de préférence pas tout seul).

Quand le palmier est tombé, tu tailles la souche et tu remplis la calebasse.

Quand le palmier est tombé, au bout de quelques jours, les chenilles arrivent. Tu les ramasses et tu les manges.

Quand les chenilles sont toutes mangées, tu grattes le tronc du palmier et tu récupères les champignons. Et puis tu les manges.

La pulpe de noix, ça fait de très bonnes sauces.

Le bobolo, c’est le bâton de manioc. On pile le tubercule, ça fait une pâte, avec de la ficelle on l’empaquette dans une feuille de bananier.

Le miondo, c’est le bâton de manioc, mais à Douala.

Le mets de pistache, c’est une pâte de quelque chose, mais pas de pistache.

Le zom, C’est une sauce faite à base de feuilles de légume fraîches.

Le ndolé, c’est la feuille du ndolé écrasée, une feuille verte qui ressemble aux épinards, c’est un peu amer mais avec des crevettes, ça passe tout seul.

Le machoiron, c’est un poisson. Si tu cuisines bien la tête de machoiron, ton mari ne te quitte jamais.

La banane plantain, tu la manges frit ou bouilli tout le temps et partout.

Comme le riz.
Le riz, c’est du riz.

Comme la grillade de poisson.
La grillade de poisson c’est la grillade de poisson. Tu le manges avec les doigts, la meilleure partie, c’est la tête, tu suces les arrêtes pour qu’il ne reste pas un gramme de chair. Tu te rinces les doigts dans une marmite qu’on t’apporte à la fin.

Le macabo, c’est une espèce de patate, en plus sec dans la gorge. C’est meilleur avec

La sauce arachide, c’est un délice.

Le couscous, c’est de la purée de manioc. C’est meilleur que la purée de taro, qui colle dans la gorge. On le sert roulé en boule dans des petits sachets de plastique, soigneusement fermés en torsade.

Le couscous, je crois qu’on l’appelle aussi le foufou de manioc.

La sauce jaune, chez les Bamilékés, c’est du taro avec une sauce, jaune, piquante. Ça se mange froid et ça colle aux doigts.

A vos pinceaux!



Pinceaux et crayons en main, les pots de peinture sur les tables, les enfants dont l’âge est compris entre O5 et 11 ans ont appliqué leurs premières notions de peinture. Au programme gribouillage, dessin, jeux de couleurs avec les gouaches. Les dessins tournent autour des thèmes de l’eau, la nage et la forêt. A cœur joie, ils se sont lâchés sur leurs papiers. Que de couleurs! Depuis le ton imposant et convivial du premier jour, la splendide salle communautaire de Mboamanga, le plus quartier grand et plus influent de la commune de Kribi 1er a mobilisé sa population pour les ateliers animés par les auteurs. Franc succès côté participants pour ce deuxième jour des ateliers. Le nombre d’enfants accroît sans cesse. Les ateliers sont suivis avec beaucoup d’intérêts. Les parents s’impliquent réellement. Cela se constate par l’assiduité qu’ils affichent tous les matins dès 10 heures, en les accompagnant au lieu des animations. Parallèlement les aînés continuent à chercher les mots et les sens à leurs histoires avec Judith et Stéphanie.

MEN

Mode d'emploi de la Machine



1. Déchirez méthodiquement l'emballage,
de préférence avec les dents.
2. Enfouissez l'emballage dans un trou,
de préférence profond.
3. Mettez-vous face à la Machine,
de préférence assis.
4. Penchez votre visage jusqu'à toucher la Machine,
de préférence sans vous cogner.
5. Glissez votre langue dans la fente,
de préférence les yeux ouverts.
6. Rabattez le couvercle d'un coup sec,
de préférence sans crier.

Les pieds dans l'eau!



Un simple coup d’œil sur la carte du Cameroun montre l’immense océan atlantique qui lorgne la côte littorale. Kribi, la belle cité balnéaire ouvre ses portes au Camaroes 2010. La résidence d’écriture qui clôt cette première étape du travail amorcé depuis des mois entre les Associations Le jeune Auteur du Cameroun et le théâtre le guignol de France. Une agape littéraire dont le mérite est d’associer les auteurs venus d’Europe et de l’Afrique.

Du 1er Juillet au 04 août, Stephanie Lefort, Judith Lesur, Botomogne, Wakeu Fogaing, Chantal Bonono, Martin Ambara, les pieds dans l’eau, scruteront l’univers de la dramaturgie de la marionnette autour de ‘’ écrire pour la marionnette, thème servant de tremplin à cette rencontre littéraire Nord et du Sud. Comment imaginer la marionnette? Humaine, végétale ou tout autre élément auquel on peut insuffler une vie ? Entraîné par le chant euphorisant et le refrain répétitif de l’océan, chaque créateur, au cours de cette fusion d’esprit et de pensée, tissera les corpus littéraires visibles et invisibles du genre marionnette. Certes, elle n’est pas une tradition très répandue en Afrique Centrale, mais l’exploration tient bien la chandelle de la curiosité. Attisée par l’enthousiasme des auteurs.

Le quatrième acte de ce Camaroes 2010, témoigne aussi de la détermination de Stéphanie Lefort et Botomogne, qui, de part leur dynamisme et leur persévérance, se battent sans cesse pour lancer les nouveaux ponts culturels entre le Nord et le Sud et aussi entre l’Est et l’Ouest. Quel auteur peut penser se mettre en marge de la mondialisation culturelle ? Les pieds dans l’eau de l’océan atlantique à Kribi, les jets littéraires des auteurs traversent déjà le monde.

pour mon amour

1
Toute la nuit dans mes bras, je t’ai portée en joie
Et le bruit de l’aube est venu te distraire de moi.
Ton corps si léger dansait comme une feuille
Et mon envie prenait la taille de notre amour.
Je t’aime comme un trophée que je cherche à gagner
Chaque jour.
Que j’ai déjà gagné dans un round
Où ne finissent pas les adversaires coriaces.
Tu es ma part de vie. Ma part qui vit en moi.
Ton sourire me rend heureux et je nage dans le bonheur
De te savoir en joie.
Tu me berces et je rêve de te bercer aussi
Pour que ta colère qui hante ma peur permanente
N’emprisonne plus mon envie de planer en toi.
Je t’aime si fort, si mal peut-être mais entièrement. 

mardi 13 juillet 2010

le débarcadère de Kribi



les confidences des pirogues sont ressac à mes oreilles

lundi 12 juillet 2010

pause pressing

l'écriture est au lavage
les taches sont pugnaces sous le roulis des vagues

Choses entendues

- Il paraît que les femmes Batanga sont très belles et très entreprenantes.
- Patience, petit. Patience...

Conciliabule


Couloir de l'écriture

Dans mon intime, à l'abri des rideaux de la chambre d'hôtel, il y a un fouillis de vêtements, de livres et de produits anti-moustique pour pays tropicaux. Face à la chambre, sous le regard incliné des palmiers, la mer donne son point de vue à l'infini. Entre ces deux espaces à priori incompatibles, un patio court de la chambre une à la chambre six. C'est là que des auteurs, encombrés par le désordre des voyages, l'inconfort de l'ailleurs - il n'y a pas d'eau chaude et la douche est bouchée - dans cet entre-deux rectiligne au sol recouvert de céramique, fabriquent, ventre repu, une langue déraisonnable

ta marionnette



Elle serait ton entier, ta moitié, ton entité. Tétra-néon de poil et d'acier, d'écorce et de plastique, tu chevaucherais ses mensonges en galops immobiles. Tu monterais sa croupe dégoulinante de mots, les cuisses écrasées contre son flanc comme deux parenthèses vibrantes.
Sur le sable, la trace de ses sabots de plomb écrirait une syntaxe que toi seule saurais lire, et tu ne la lirais pas.

dimanche 11 juillet 2010

Ceci n'est pas un coucher de soleil

C'est le drap de bain du peuple de l'eau.

Naissance d'une marionnette

On prend un stylo, on écrit. On prend un couteau, on écrit encore.

La marionnette, c'est une parole qui agit. Il a fallu d'abord rapporter les éléments disparates qui, une fois assemblés, fabriqueront la petite personne. Les noix de coco, les branches de palmier, les bouts de bois sont riches d'humanité. Il suffit de poser son regard sur eux et lentement laisser monter à la surface la chair et l'âme du pantin.

vendredi 9 juillet 2010

c'est la mer et pourtant c'est la jungle


La jungle des sensations, des impressions à foison, des images qui traversent la rétine à la vitesse de ce petit coq musclé qui court sur la route en dépit des motos enfourchées à deux ou trois, ces tombes qui disparaissent entre les joncs, ces plateaux d'arachides qui auréolent les têtes, ces troquets de trois chaises en plastique et deux toiles cirées où la bière se boit en marie-jeanne, ces étals de fagots, de bâtons de manioc, ces bassines de poisson, ces boutiques qui vendent des bouts de forfaits de téléphone, le rythme des voix, le fracas des rires, et plus loin, cette route qui s'éloigne du brouhaha, veinée de pistes de terre s'enfonçant dans le magma vert, où mon imagination se promène déjà.


Ecrire à Kribi 1er

Ecrire à Kribi 1


Ils sont fous. Ils sont fous.

Mentir comme un arracheur de dents c’est la folie.

On me manipule. Je ne veux plus être nanti. Non. Je veux ma ration de pauvreté au quotidien.

Je défie la vie de me rendre entamer ; manier par le vent et…

Ils sont fous. Je vous jure qu’ils le sont après moi. La folie de la trentaine. Déterminés.

Je marche. Ta moitié me suit comme une ombre pour m’étonner.

Zen ! Je suis zen. Zen et traîné comme un vers, l’ombre ne me lâche pas me rationne, épuisé ; je suis épuisé et moche pour monter les marches de la beauté municipale.

Je ne suis pas fou, comme eux qui me manipulent mais fou de ta moitié qui me suit comme une ombre aminée par la passion.



Kribi le 06/07/10

Wakeu Fogaing.

jeudi 8 juillet 2010

Ecrivain en herbe

Gérard aime les livres d'histoire. D'ailleurs il les écrit très bien.
Atelier d'écriture pour les enfants de Kribi 1er. Jeudi 8 juilley 2010.

Petite fille à la miette de pain

A quoi rêvent les petites filles?
Un jour elle se mariera, elle suivra son mari, en espérant qu'il soit bien doté, elle trouvera un boulot dans la fonction publique, elle fera la sauce jaune comme personne, elle chantera "je suis dans la joie, une joie immense, car Yaveh m'a libérée", elle se fendra la poire le 8 mars, parce que c'est la journée des femmes et si son mari l'embête, elle en changera.

Atelier d'écriture #2

Où il est question de mama Watta et de l'écume, qui vivent ensemble mais ne sont pas mariés
D’une bulle d’air et d’une chaussure, à la lisière de la mort
D’une crevette et d’un morceau de corail qui s'interrogent sur la meilleure façon de descendre du cocotier
De discours sur la méthode entre un grain de sable et un grain de sel

A partir de là...

L'Afrique en miniature



Panne de courant

Je ne suis pas une crevette, je suis un pingouin. Je suis : ostrogoth dans une ville radieuse. Je suis : au milieu de la poussière des rues, entre vendeurs d’arachide, vendeurs de crédit téléphonique, vendeuses de bâton de manioc, de mets de pistache, vendeurs de balade en pirogue et gens qui marchent et gens de main et pêcheurs de dorade, et femme balayeuse, et cuisinière arrangeuse de poisson dont les arrêtes suintent l’intimité du rivage là, tout près, au bord de mes yeux trop étroits pour embrasser les sirènes, le peuple de l’eau voit ce que je ne vois pas. Je suis un pingouin, je me dodeline d’un trou de trottoir à l’autre, je m’embrume de ciel gris et de moiteurs moustiquaire. Je suis : nue et dans le noir accidentel ma lampe de poche a des hoquets ma chambre est habitée par des fourmis le toit fait dance floor pour noix de coco sauvage mon oreiller est une pierre c’est mou dans mes rêves et je tombe de bas en haut en fuyant la sortie.

mercredi 7 juillet 2010

Un enfant est un enfant

1er atelier avec les enfants de Kribi. Jeux pour les petits, écriture pour les grands, avec en vue un spectacle devant les parents, le maire et la chefferie traditionnelle !

Un enfant est un enfant.
Multiplié par 43.
Il y a les petits, qui vont jouer avec Junior, l'animateur. Et les grands, qui vont écrire avec Stéphanie et moi.
Si Blanche était un animal, elle serait un lapin blanc qui n'a jamais peur, Donatien un taureau courageux et puissant, Mystère un gorille féroce qui, dans la brousse, ne veut trouver personne sur son passage, et Julienne un chat blanc et doux qui ne volera pas si on l'éduque bien...

Et moi, un lézard arc-en-ciel ?



portraits


Chantal



Wakeu



Stéphanie

première séance

1ère séance d'atelier d'écriture entre auteurs, avec défrichage de l'histoire de la marionnette et du chantier d'écriture qui nous attend.


Wakeu est comédien (il a joué plusieurs fois dans le in d'Avignon...), auteur de théâtre et humoriste. Un régal de l'écouter parler de son grand-père et de ses 17 femmes, du rite d'initiation au veuvage ou de son combat pour faire vivre le théâtre dans sa ville perdue dans les montagnes.


Chantal est professeur et essaie de faire entendre son écriture à côté de celle de sa scandaleuse soeur. Elle espère dans un grand éclat de rire que la marionnette lui permettra de s'essayer à écrire "sans condom" ! 


Boto, à l'origine de la résidence, commence à quitter sa peau d'organisateur pour se glisser dans celle de l'écrivain.


J'ai trouvé sur la plage un grand morceau de palme rejeté par la mer. Le corps de ma marionnette. Reste plus qu'à laisser couler la chair.